
Cœur à la dérive
« Je ressens souvent de la culpabilité et le sentiment d’être jugée ou punie à cause de ma situation en tant que victime de viol. Les raisons de ce sentiment sont profondément ancrées dans la culture du blâme et les stéréotypes sociaux, qui m’amènent à croire que je suis responsable de l’agression. Je me rends compte que, lors de l’agression, j’ai pu vivre des réactions psychologiques complexes, comme la sidération ou la dissociation, et que mon cerveau cherche à donner un sens à cet événement par le biais de la culpabilité.
L’impact de l’entourage et de la stigmatisation sociale renforce mon sentiment d’isolement et de honte, surtout lorsque le système judiciaire remet en question ma crédibilité. Je comprends que ce sentiment de culpabilité est influencé par des mécanismes sociaux, culturels et psychologiques.
Dans de nombreuses sociétés, je fais face à des préjugés qui me tiennent responsable de ce qui m’est arrivé. Les questions intrusives comme « Comment étais-je habillée ? » ou « Pourquoi étais-je seule ? » renforcent l’idée que j’aurais pu éviter l’agression si j’avais agi différemment. Cette culture du blâme me pousse à internaliser les jugements de la société, et je me sens responsable de l’agression alors que je n’ai aucune responsabilité. De plus, je ressens une honte profonde, alimentée par les tabous culturels entourant la sexualité et la violence. Je me sens « souillée » ou « marquée » par l’événement, ce qui nourrit ma culpabilité.
Le traumatisme du viol perturbe ma perception de moi-même et du monde. Pendant l’agression, je peux être dans un état de sidération ou de dissociation, ce qui m’empêche de crier ou de résister. Par la suite, je me demande souvent : « Pourquoi n’ai-je pas crié ? » et cela alimente mon sentiment de culpabilité, même si ces réactions étaient involontaires et normales dans un contexte aussi traumatisant.
Je ressens une perte de contrôle sur mon corps et ma vie, ce qui me fait culpabiliser, comme si j’avais pu éviter cette situation. Mon cerveau tente de donner un sens à cet événement traumatique, et la culpabilité devient une manière de reprendre un semblant de contrôle, me faisant croire que si j’avais agi différemment, cela ne serait pas arrivé.
Les réactions de mon entourage peuvent aussi aggraver ce sentiment de culpabilité. Si ma famille ou mes amis doutent de ma parole ou minimisent les faits, cela renforce mon isolement. Les interrogatoires intrusifs et les remises en question de ma crédibilité lors des procès me font ressentir une culpabilité accrue.
Il est crucial de créer un environnement de soutien où je peux partager mon expérience sans craindre d’être jugée. La culture du blâme, les stéréotypes sociaux et le traumatisme psychologique forment un ensemble de mécanismes qui contribuent à mon sentiment de culpabilité. Je ressens le besoin de comprendre et de surmonter ces émotions complexes pour avancer vers la guérison. »
Définition SSPT :
Le syndrome de stress post-traumatique est un trouble psychologique qui se développe après qu’une personne a vécu ou été témoin d’un événement traumatisant. Cet événement, qu’il soit physique, psychologique ou les deux, laisse une empreinte durable dans le cerveau, en particulier dans des structures comme l’amygdale, qui est impliquée dans la régulation des émotions et des réponses au stress.
Le SSPT se manifeste par plusieurs symptômes caractéristiques :
- Revécu de l’événement : Les personnes peuvent avoir des flashbacks, des cauchemars ou des pensées intrusives liées à l’événement traumatique.
- Évitement : Il peut y avoir une tendance à éviter les lieux, les personnes, ou les activités qui rappellent le traumatisme.
- Hypervigilance : Les individus peuvent être constamment sur le qui-vive, éprouver de l’anxiété, ou avoir des difficultés à se concentrer.
- Altération de l’humeur et des cognitions : Il peut y avoir des sentiments de détresse intense, des difficultés à ressentir des émotions positives, ou des pensées négatives récurrentes.
Exemples concrets :
- Accidents : Une personne ayant survécu à un grave accident de voiture peut revivre l’événement à travers des flashbacks, et éprouver une peur intense de conduire à nouveau.
- Violence : Un individu ayant été victime ou témoin d’une agression peut développer une méfiance envers les autres et éviter les endroits où l’agression a eu lieu.
- Conflits armés : Les vétérans militaires peuvent rencontrer des difficultés à s’adapter à la vie civile en raison de souvenirs persistants des combats.
- Catastrophes naturelles : Les survivants d’un tremblement de terre peuvent ressentir une anxiété persistante lors de tremblements de terre mineurs, revivant ainsi le traumatisme.
Le SSPT est un trouble sérieux, mais il peut être traité avec des thérapies appropriées, telles que la TGA, thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie d’exposition, et parfois des médicaments pour aider à gérer les symptômes. Il est essentiel que les personnes touchées cherchent de l’aide pour surmonter les effets durables du traumatisme.
La culpabilité et le besoin de contrôle sont deux aspects souvent liés au syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et peuvent avoir un impact significatif sur la manière dont une personne vit son traumatisme.
Culpabilité
- Culpabilité du survivant : Les personnes ayant vécu des événements traumatiques peuvent éprouver une culpabilité intense, souvent appelée “culpabilité du survivant”. Cela se produit lorsque la personne se sent responsable de ce qui s’est passé, même si elle n’y est pour rien. Par exemple, un survivant d’un accident peut se sentir coupable d’avoir survécu alors que d’autres n’ont pas eu cette chance.
- Culpabilité liée aux réactions : Certaines personnes peuvent se sentir coupables de leurs réactions émotionnelles ou comportementales après un traumatisme. Par exemple, elles peuvent avoir honte de ressentir de la colère, de l’anxiété ou de la tristesse, pensant qu’elles devraient être “plus fortes” ou “mieux” après ce qu’elles ont vécu.
- Culpabilité de ne pas avoir aidé : Lorsqu’une personne est témoin d’un événement traumatique, elle peut également ressentir de la culpabilité pour ne pas avoir pu intervenir ou aider, même si cela était hors de son contrôle.
Besoin de contrôle
- Recherche de contrôle : Après un traumatisme, de nombreuses personnes ressentent un besoin accru de contrôler leur environnement pour se sentir en sécurité. Cela peut se manifester par des comportements d’évitement ou par la mise en place de rituels pour tenter de gérer l’anxiété générée par le traumatisme.
- Hypervigilance : Les individus peuvent devenir hypervigilants, surveillant constamment leur environnement pour détecter des signes de danger. Cette recherche de contrôle peut entraîner une fatigue émotionnelle et physique, car ils sont en état d’alerte constant.
- Difficultés à lâcher prise : Le besoin de contrôle peut également rendre difficile pour une personne de lâcher prise et de faire face à ses émotions. Elle peut éviter de parler de son traumatisme ou de traiter ses sentiments, pensant que cela lui permettra de maintenir un certain contrôle sur la situation.
Interaction entre culpabilité et contrôle
La culpabilité et le besoin de contrôle peuvent interagir de manière complexe. Par exemple, une personne qui se sent coupable de ne pas avoir pu empêcher un événement traumatique peut essayer de compenser en cherchant à contrôler tous les aspects de sa vie. Cela peut conduire à un cercle vicieux, où la culpabilité alimente le besoin de contrôle, et vice versa.
Conclusion
Il est essentiel que les personnes souffrant de SSPT traitent ces sentiments de culpabilité et de besoin de contrôle, souvent avec l’aide d’un professionnel de la santé mentale. Des approches thérapeutiques comme la thérapie cognitivo-comportementale et la TGA peuvent aider à travailler sur ces émotions, à développer des stratégies d’adaptation et à favoriser la guérison.